Franck Essi: L’efficacité des zones économiques n’est pas toujours garantie pour un entrepreneur Camerounais

Christian Happi Interview 05.12.2016

L'entreprise installée dans une zone économique bénéficie de l'ensemble des incitations prévues par la législation relative aux incitations à l'investissement privé au Cameroun. Ils bénéficient notamment des tarifs préférentiels pour les services des transports publics, les services portuaires, les services des télécommunications, les services d'énergie et d'eau. Il en est de même des tarifs préférentiels d'accès aux terres destinées à l'implantation zones économiques, etc.

L’entreprise installée dans cette zone bénéficie d’après la loi, de l'ensemble des incitations prévues par la législation relative aux incitations à l'investissement privé au Cameroun.

 

Paul Biya, le Chef de l'État camerounais a promulgué le 16 décembre 2013 la loi n°2013/011 régissant les zones économiques(ZE) qui est un « espace constitué d’une ou de plusieurs aires géographiques viabilisées, aménagées et dotées d’infrastructures, en vue de permettre aux entités qui y sont installées de produire des biens et des services dans les conditions optimales ». Trois ans plus tard, le décret d’application de ladite loi reste  toujours attendu alors que sa mise œuvre aurait  réjouit les organisations patronales qui le réclament depuis de nombreuses années, et surtout fait  la promotion de l'investissement, des exportations, de la compétitivité, de l'emploi, de la croissance économique et de l'aménagement du territoire. Pas seulement.  Ces zones économiques font suites à des zones franches industrielles qui n’ont pas connu de succès vise  aussi à attirer les investisseurs et à promouvoir la production interne des biens et des services.  A son article 2,  la loi révèle qu’une ZE peut notamment comprendre des entreprises industrielles, des entreprises agricoles, des entreprises de services, des pépinières ou des incubateurs d’entreprises, des pôles scientifiques et technologiques, des technopoles et/ou des agropoles.

Cependant, pour  sa réussite de manière efficace, « il est important de bien définir les espaces d’accueil favorables, d’éviter d’éparpiller la décision de leur choix et de leur promotion, et de ne la confier qu’à des professionnels »,  suggérait Pr. Aurore Sara Ngo Balépa, Géographe, Maître de Conférences  et auteur d’un article sur les zones franches industrielles(ZFI).  Par ailleurs poursuit le  professeur, les pouvoirs publics doivent aussi résoudre pour une industrialisation réussie et durable, c’est celle de la spatialisation de ces zones économiques, ce qui a manqué à la ZFI au Cameroun. Économiste, Franck Essi, estime  pour que  les ZE, aient un impact inhérent, le Cameroun a plutôt intérêt à capitaliser les autres atouts qu’il dispose, notamment sur la formation de la main d’œuvres, des infrastructures énergétiques, de télécommunication.  « Depuis 2013, nous ne voyons pas toujours de résultats concrets de ces zones bien que depuis 2015, il y ait une agence en charge de l‘administration de ces dernières », estime l’économiste.

Rappelons-le,  les ZE peuvent avoir comme promoteurs l'État et ses démembrements, les collectivités locales décentralisées, les chambres consulaires, les organisations patronales, les universités d'État et les établissements d'enseignement supérieur privé. Les investisseurs étrangers, dans le cadre de la coopération bilatérale, peuvent également demander la création d'une zone économique. A condition qu'ils soient organisés en Groupement d'intérêt économique (GIE). La supervision et le développement des ZE sont assurés par l’Agence de promotion des zones économiques qui délivre un agrément aux entreprises ou aux activités qui en font la demande.


Que peut apporter la création des zones économiques  dans le tissu industriel local et dans l'économie camerounaise en générale ?

Une zone économique est une région géographique dans laquelle le dispositif économique d’accompagnement des activités est plus avantageux pour les entreprises que dans toutes les autres parties du pays. Ces zones ont des dispositifs qui offrent des combinaisons d’incitations fiscales, de droits de douanes favorables, des procédures douanières simplifiées et réglementations limitées.  Elles jouissent souvent d’une infrastructure particulière qui est censée permettre une production optimale de biens et services et leur acheminement sur les marchés nationaux et internationaux. Dans le monde, de nombreuses expériences de zones économiques spéciales ont été tentées avec des succès divers. En Afrique comme en Inde, elles n’ont pas connu jusqu’ici de succès notables. Tandis qu’en Chine, sous le leadership du Président Deng Xiao Ping, elles ont connu un succès notable. 

 

Si tant est que les zones économiques sont importantes qu'est-ce que son absence cause comme manque à gagner à notre économie?
 

Les zones économiques sont un instrument dont l’efficacité n’est pas toujours garantie. A ce titre, son absence ne peut pas être la cause de manque à gagner. Elles ont été un instrument pour faciliter la création et le développement de l’industrie dans un pays.  Comme nous l’avons indiqué plus haut, elles n’ont pas toujours marché dans le monde en général et particulièrement en Afrique. Ce qui est important, c’est de mettre en place un environnement attractif et adapté pour l’ensemble des secteurs d’activité avec des accompagnements adaptés pour les différents acteurs en vue de les rendre plus compétitifs. Actuellement, toutes les pesanteurs du climat des affaires et le déficit d’accompagnement des acteurs économiques sont les véritables causes de manque à gagner.

 

Pourquoi selon vous, les chefs d'entreprise tiennent tant  à leur mise en œuvre si le succès n’est pas garanti ?

 

Ils y tiennent sans aucun doute parce que ces zones sont synonymes de facilités pour produire et écouler des biens dans un environnement de plus en plus compétitif. Ces facilités peuvent être des subventions, des exonérations fiscales ou d’autres mesures qui toutes, concourent à la réduction des coûts de production. Ce sont ces facilités qui sont souhaitées par les entreprises à travers la demande de mise en place de zones économiques spéciales.